Biodiversité et Paysage sont deux réalités différentes. Comprendre ce qui les différencie permet de les accorder dans une même zone du territoire.
La biodiversité, contraction de « diversité biologique » représente la diversité de la vie sur terre : la diversité génétique, la diversité des espèces et des milieux, et leurs interactions. Elle regroupe l’ensemble des êtres vivants, les plantes, les animaux, les champignons, les micro-organismes… La biodiversité tient aussi compte des interactions qui les relient entre eux et avec le milieu où ils vivent.
La biodiversité apporte un nombre important de bénéfices à notre société que l’on appelle services écosystémiques auxquels il est difficile de suppléer : des services d’approvisionnement en matières premières, des services de régulation, des services culturels…

Nous, humains, appartenons à l’espèce Homo sapiens, et nous sommes un des éléments de la biodiversité. Nous interagissons dans le temps et dans l’espace avec les autres composantes de la biodiversité et notre vie même en dépend.
La nature en ville contribue à la qualité de notre cadre de vie. Elle permet de réguler les températures, de filtrer les eaux, d’améliorer la qualité de l’air, de limiter les risques d’inondation… Les services rendus par la nature sont sociaux, écologiques mais aussi économiques.
La biodiversité a une existence propre indépendamment des aspirations et gouts des humains.
Le paysage est un élément du territoire tel que perçue par sa population. Cette définition renvoie à deux principes essentiels :
– le territoire, composante « physique » du paysage, est soumis à l’action des éléments naturels et de l’homme,
– la notion de ressenti, de perception physique, mais aussi de projection culturelle et symbolique de la relation qu’entretient l’Homme à un espace. Cette composante « sensible » du paysage forme sa dimension tant spatiale que matérielle et immatérielle. A tel point que la perception d’un même paysage va varier avec la culture de celui qui le regarde.

Nous voyons qu’avec cette définition le paysage implique un regard humain qui le traduit en une image affective. Il devient alors un patrimoine partagé avec une dimension sociale.
La nature (autrement dit la biodiversité) existe même quand l’homme ne la regarde pas, même quand il ne la connait pas ni ne l’apprécie. Il doit donc faire un effort pour la connaitre, en comprendre l’importance vitale pour son espèce et la protéger.
Le paysage est par contre une interprétation de ce que l’homme voit en fonction de sa culture et de ses gouts personnels. Il n’a pas d’effort à faire pour l’aimer ou non du moment qu’il correspond à ses habitudes.
Aujourd’hui afin de rapprocher la biodiversité et les paysages on parle « d’aménagement paysagers à haute valeur écologique« . Il s’agit tout simplement de ce que nous appelons la gestion différenciée des espaces : faire en sorte que la préservation de zones de biodiversité cohabitent avec la satisfaction des besoins des habitants.

Il est facile d’opposer les espaces aménagés (même paysagés) destiné à la fréquentation humaine, et les milieux naturels, zones dont l’objectif principal est la préservation de la biodiversité. Mais nous pouvons constater qu’une telle attitude n’a abouti à rien de bon au fil du temps. Il faut désormais considérer que « le paysage perçu » et la biodiversité sont complémentaires et tout autant indispensables au bien être humain.
Cela passe par l’analyse à un niveau très fin du territoire de tous les besoins à satisfaire. La réflexion produit alors à la fois un partage et une imbrication des espaces selon leur destination. Evidemment la vue de l’ensemble, donc le paysage perçu, évolue. Seule la sensibilisation à une nouvelle approche culturelle permettra à tous d’apprécier leur nouvel environnement.
