11èmes Assises Nationales de la Biodiversité

Ces assises se sont déroulées à Lieusaint les 3 et 4 novembre. Elles étaient constituées de nombreux ateliers pour permettre aux participants d’assister à leur sujets favoris. J’ai suivi ces journées en visio-conférence et même s’il n’était pas possible de suivre tous les ateliers en même temps, les mêmes constats et les mêmes idées se retrouvaient partout.

Une idée mise en avant dans tous les ateliers est que climat et biodiversité relèvent du même combat. Aujourd’hui les humains ont pris relativement conscience des problèmes climatiques car ils les subissent. Prendre conscience de la perte de la biodiversité est sans doute moins naturel car l’imbrication biodiversité/climat est mal perçue par beaucoup. Pourtant tout ce qui dégrade l’un dégrade l’autre et tous les effets pour améliorer l’un apporte un mieux à l’autre. Toutefois il y a une différence notable : la nature arrive toujours à rebondir! Totalement différente certes et après de longues périodes de réorganisation, mais ni Tchernobyl, ni les météorites ne l’ont anéantie. Des espèces ont disparu, d’autres ont muté d’autres sont apparues… Alors où est le problème ? On oublie un peu vite que l’homme, espèce vivante du règne animal, ne vaut pas plus cher face aux catastrophes naturelles que le mouton, le scarabée ou un petit bout de corail. Défendre le climat comme défendre la biodiversité c’est avant tout défendre l’homme et son bien être.

Une autre idée largement développée concerne l’importance accordée aux Atlas de la Biodiversité Communale. Leur rôle est d’une part de fournir les informations de l’état d’un territoire avec ses atouts et ses faiblesses, la seconde (plus difficile) est de sensibiliser les habitants à la richesse du lieu.
Ces atlas constituent une base essentielle pour l’écriture des PLU et PLUi. Il faut noter que ces derniers deviennent par la loi aussi responsables de la qualité environnementale et que de nouveaux outils viennent les renforcer, comme les orientations d’aménagement et de programmation sectorielles qui traitent par exemple des trames vertes et bleues.

Lors de ces journées le concept de « nature » tel que perçu par le public a aussi été évoqué à plusieurs reprises. Pour les scientifiques la nature est avant tout un système caractérisé par sa complexité. Cette complexité est basée sur la diversité et la variabilité des espèces qui au sein d’un milieu interagissent entre elles. Plus un milieu est riche en diversité, plus il sera résilient, capable d’encaisser les attaques de pathogènes ou les sautes d’humeur de la météo. Aujourd’hui toutes les études prouvent l’importance de la diversité des espèces pour assurer l’équilibre d’un territoire. On sait aussi désormais que diversité et rentabilité sur la durée sont liées alors que pendant longtemps nous n’avons pensé que le contraire. Alors quand un sondage dit que 92% des personnes interrogées souhaitent voir plus de nature il est utile de réfléchir à quelle forme de nature ils pensent et quelle réponse leur apporter.

Il est très facile de mettre quelques pots de fleur et de planter un bel alignement d’arbre. Mais si les fleurs choisies n’intéressent ni les insectes, ni les oiseaux, nécessitent des arrosages fréquents et ont été produites à grand renforts de produits phytosanitaires, quel est leur réel intérêt pour la nature ?
Si la belle rangée d’arbre ne contient qu’une seule espèce dès qu’un sera malade tous les autres le seront…
Accueillir la nature ce n’est pas uniquement flatter le regard de certains c’est offrir à la biodiversité les moyens de s’installer chez nous et de s’y développer. C’est l’objectif de la gestion différenciée des espaces pour permettre à l’homme de vivre en bon intelligence avec la « nature naturelle ».

Nous touchons alors, que l’on parle de biodiversité ou de climat, le ressenti profond des habitants : leurs habitudes de vie et leurs gouts qui se sont formés au fil d’un monde dont plus personne ne veut. Il n’est pas facile de faire imaginer un monde différent, il est encore plus difficile d’en faire accepter les conséquences. Beaucoup de nos concitoyens ont le sentiment d’un retour en arrière et d’une dégradation peu à peu imposée de leur mode de vie. Il faut concevoir et appliquer un accompagnement de ces changements par la communication, la formation et la sensibilisation de tous. Cela prendra du temps, plus nous commencerons tard plus nous auront perdu des espèces et réchauffé la planète.